A la fonderie




I - NAISSANCE D'UNE SCULPTURE



L'artiste travaille dans le matériau de son choix, celui dont il maîtrise les données plastiques, donc la facilité de mise en oeuvre pour exécuter son projet (bois, plâtre, pierre, marbre, argile, cire directe, etc.). Cette oeuvre peut évidemment rester telle quelle et être présentée en l'état (en dehors de la cire directe), ce qui constitue "l'original".

Cependant on voit des oeuvres (pierre, marbre, argile, bois...) être dupliquées. C'est alors que l'on doit passer par le moulage ou le sable. Elles sont dupliquées soit dans le même matériau (mise au point) soit en bronze, soit dans des matériaux moins nobles (résine, plastique, poudre de pierre ou de marbre etc.)

Le bronze n'est, en fait, qu'un matériau de reproduction parmi tant d'autres... Il est choisi, la plupart de temps, pour sa facilité de mise en oeuvre au regard de ses qualités d'inaltérabilité, de sa beauté sous les aspects donnés de sa patine naturelle ou artificielle.

Le bronze mis en oeuvre uniquement par la fusion et la coulée se travaille en fonderie d'art et peut être entièrement confié pour la finition à la fonderie, ou terminé par le sculpteur qui prendra en main le ciselage et la patine comme il est possible à la Fonderie d'Art Barthélémy à Crest dans la Drôme. Toutes les oeuvres ainsi traitées sont donc issues d'une oeuvre "originale" issue des mains et de l'imagination de l'artiste.

Pour ce faire, il est impératif de créer un moule (je reviendrai plus précisément dessus plus tard) ou de travailler au sable, avec toujours la même exception pour la cire directe.


Création d'un moule élastomère




Moules élastomères mis en oeuvre par Raphaël
Fonderie d'art Barthélémy - Crest - Drôme


Cire directe

Le travail en cire directe n'est pas le plus évident, mais c'est celui que je préfère et qui, sans doute, convient le mieux à ma personnalité, à mon style de travail. Autant dans la pierre, le marbre, on ne peut pas faire reposer l'oeuvre sur une très petite surface, autant en cire directe puis en bronze est-ce possible.

Les photos présentées (dans un ordre proche de l'imperfection !) représentent surtout le temps et le travail intermédiaire nécessaires pour achever l'oeuvre ébauchée. En général je travaille en creux, réservant ainsi l'espace du noyau futur qui gardera ce creux. Une fois ma sculpture cire achevée - en principe telle qu'elle sera en bronze - il me faut la découper par tranches successives pour égaliser l'épaisseur de la cire et pallier ainsi les sur-épaisseurs et faiblesses , ressouder au fur et à mesure les parties traitées pour enfin finaliser l'oeuvre telle qu'elle sera présentée en fonderie.

Si cette technique présente une contrainte certaine, elle présente l'avantage d'économiser le moule. Comme je préfère les pièces uniques cela me convient très bien.... Autre avantage, si  je veux faire un moule, je peux toujours le faire après la coulée. La première pièce sera nommée "modèle" et les suivantes feront la série normale de 12 éléments. Comme il y a légère rétractation du métal, le modèle et la série seront évidemment différents.



         La cire terminée
         (travail en creux)
        il faut la découper
      pour unifier l'intérieur


               Travail à la cire
      avec une spatule et une bougie
Remontage de la cire





            amincissement
               de la cire
   une fois celle-ci découpée



                Travail en cours
                avant remontage





       Cire brute de travail
     avant perfectionnement





   Après amincissement


                     En cours...
           Cire terminée
           Même aspect
    qu'au début de la création




FIZANNE  "LA DANSE"
Pièce unique

Bronze terminé, patiné, signé




II - LE MOULAGE




 Technique de préparation des sculptures pour le bronze 

Les techniques de sculpture pouvant s'adapter à la coulée de bronze sont multiples mais nécessitent toutes de passer par la fabrication d'un moule, hormis celles dites de "la cire directe" (complètement différente de la "cire perdue" qui ne consiste qu'en une étape de la technique de coulée), ou du "sable" (comme en Afrique par exemple, je décrirai cette technique plus tard).



LE MOULAGE ÉLASTOMÈRE


1) Moule en élastomère

L'art de la fonderie consiste à reproduire le plus fidèlement possible l'original du sculpteur, en un modèle unique (PU - pièce unique) ou en plusieurs exemplaires (travail de duplication). L'oeuvre originale est utilisée directement pour la fabrication du moule ou de l'empreinte (technique dite "au sable") qui représente ainsi le négatif de l'oeuvreLe moule en élastomère se fait donc à partir d'une sculpture faite en plâtre, en argile, ou toute autre matière ayant servi à la sculpture proprement dite. Parfois le fondeur sera amené, de par le procédé de moulage, à détruire l'original selon que celle-ci est en cire directe, en terre, etc.

L'élastomère (couramment appelé "caoutchouc") est un polymère présentant des propriétés élastiques qui supportent de très importantes déformations avant rupture. Il offre des possibilités de réalisation de formes en contre-dépouilles complexes. De surcroît, vu son élasticité, il se démoule aisément en se retirant des contre-dépouilles sans effort.

Comme l'élastomère est très souple, il ne pourrait se tenir en forme après le démoulage de la pièce. Ainsi, pendant le moulage on recouvre l'élastomère sec d'une chape de plâtre pour des moules de faible importance, ou d'une chape en résine pour les grandes pièces, ce qui allège évidemment la totalité de la pièce.

Ces moules en élastomère sont dits "à bon creux" car ils peuvent être utilisés plusieurs fois (12 fois pour les artistes - numérotés de 1 à 8 et I à V en épreuve d'artiste). Les élastomères de silicone permettent, de par leur fluidité, une prise d'empreinte très précise et simplifient, grâce à leur souplesse et résistance, un démoulage aisé. Quelques techniques sont décrites ci-dessous :


  • Coulée dite "en bateau". Coulée simple, rapide, mais exigeante en élastomère ce qui la rend très coûteuse. Elle est surtout utilisée pour de petits modèles en ronde bosse ou pour des bas reliefs.
  • Coulée dite "sous chape". Technique plus longue à exécuter mais moins coûteuse en élastomère. Employée pour la réalisation en série de pièces de taille moyenne.
  • "Estampage". C'est la technique la plus longue à réaliser, mais aussi la moins onéreuse en élastomère. Elle est utilisée pour les pièces de plus grande dimensions, ou ayant des complexités volumétriques importantes. 


L'utilisation de l'élastomère est délicate car le dosage des 2 composants doit être très précis. De plus, la température de travail doit être entre 15° et 25°. Un agent de démoulage doit impérativement être passé sur le modèle.



Le moulage 
Cliquer sur l'image pour voir, dans un autre onglet, l'album 
sur les différents stades du moulage


Nota bene : 

  • Le caoutchouc naturel est resté longtemps le seul élastomère connu. En 1909 un chimiste allemand (Fritz Hofmann) déposa un brevet sur la fabrication d'un élastomère synthétique. Il faut noter que les élastomères ne font pas partie des matières plastiques, et que le caoutchouc naturel (issu de l'hévéa) est un élastomère au même titre que l'élastomère silicone.
  • La contre-dépouille 
    Prenons l’exemple A où le modèle est constitué en un matériau souple et déformable (bleu)  et le moule en un matériau rigide non déformable (noir) : 
                        
A

                                  1 – le moule peut s’extraire facilement du modèle  
                                  2 – le moule peut s’extraire en tirant un peu  
                                  3 – le moule peut s’extraire en déformant le modèle qui est souple 

Prenons maintenant l'exemple contraire B où le modèle est constitué en un matériau rigide non déformable (en noir) et le moule en un matériau souple et déformable (en bleu):

          
B

                                  1 - le moule peut s'extraire facilement du modèle
                                  2 - le moule peut s'extraire en le déformant un peu car il est souple
                                  3 - le moule peut s'extraire en le déformant encore un peu plus
                                  
Prenons l’exemple C où le modèle est constitué en un matériau rigide non déformable (noir) et le moule 
en un matériau rigide non déformable (noir) : 

C

1 - le moule peut s'extraire facilement du modèle car le modèle est de "dépouille" (angles ouverts)
2 - le moule ne peut pas s'extraire car les faces opposées du modèle sont parfaitement parallèles, il y a donc blocage au niveau de ces surfaces. C'est précisément dans ce cas que l'on commence à parler de modèle en "contre-dépouille" (angles fermés)
3 - le moule ne peut pas s'extraire car il vient rentrer sur une ou (plusieurs face) face sous le modèle. Là nous sommes dans la "contre-dépouille" (blocage)               
  
Que faire pour pouvoir démouler en 2 et en 3 ?

             

Pour pouvoir démouler,  il va falloir avant moulage repérer ces contres dépouilles et les supprimer en réalisant un moule constitué d’un ensemble de pièces ou chacune d’entre elle sera calculée et fabriquée suivant son angle d’extraction  jusqu’aux limites 3D de ses dépouilles.
Lorsque toutes les pièces auront été réalisées (c'est-à-dire en recouvrement total du volume à mouler) celles-ci seront, pour pouvoir après démoulage être remises en place avec exactitude, recouverte par la fabrication d’ une enveloppe générale de maintien appelée chape.  


5 commentaires:

  1. un travail de qualité et de savoir faire. JJM

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  2. lumineux ! tomber dessus par hasard, vraiment interessant. Merci
    Roland

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    1. Merci Anonyme !!! Il faut que je termine quand même cet article car j'ai encore beaucoup à dire...

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  3. siamo qui per ascoltarti...grazie per avermi fatto ricordare un professore di materie plastiche e che solo ora riconosco come lui mi abbia passato lo sguardo al bello, in varie prospettive.siamo qui per ascoltarti

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